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À travers une approche documentariste, faisant aussi bien appel aux codes d’un cinéma purement documentaire, dédié à l’échange et à la parole, qu’aux codes d’un cinéma de fiction, poétique et immersif, je dresse le portrait cinématographique de personnages aux parcours singuliers, sensibles et confidentiels. 

Portrait d'un Chessboxeur

Carl Strugnell

dans le film Le Dernier KO

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Carl Strugnell, aka Karl Ouch, le champion du monde de chessboxing n’est plus qu’à quelques mois de son ultime affrontement sur un ring. Un défi qui s’annonce décisif pour le combat social qu’il a mené toute sa vie, pour s’extraire de sa condition mais aussi pour tous les laissés pour compte, à qui il rêve d’offrir l’opportunité de devenir des héros. Car Karl est lui-même un personnage imparfait, champion d’une discipline imaginaire inventée dans les dessins d’Enki Bilal.

 

De son expérience de sans-abri à Skid Row, le quartier malfamé de Los Angeles, à celle de boxeur dans les bas-fonds de Swansea, jusqu’aux fight-clubs berlinois, ou plus récemment encore à celle de professeur émérite de jeu d’échecs dans les beaux quartiers parisiens, rien ne laissait penser que Karl deviendrait le symbole bohème d’une discipline émergente et folle, alliant la boxe anglaise au jeu d’échecs. Il en est pourtant devenu le porte-étendard mondial, depuis sa résidence dans les montagnes du sud de la Serbie, au beau-milieu d’un décor de cinéma conçu par son beau-père.

 

Le Dernier KO révèle le parcours fascinant d’un homme qui tente de préserver une conception romantique et politique de son art, lorsque d’autres entendent capitaliser sur une notoriété grandissante de cette discipline pourtant si fantasmagorique.

 

Que cherche Karl à immortaliser lors de ce dernier combat : défendre ses idéaux ? Sortir le chessboxing du monde imaginaire auquel il appartenait pour lui donner la force chimérique qui présidait à son succès ? Ou tente-t-il de guérir, à travers la pratique d’un sport total, où la lutte intellectuelle se confond à la lutte des corps, d’une blessure sociale et intime bien plus profonde ?

Portrait d'un Ultra-Cycliste

Jean-Luc Perez

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Le Guidon dans la Tête est le récit d’un homme ordinaire qui se lance dans une aventure extraordinaire : celui de Jean-Luc Perez qui part à la conquête de la Race Across France en 2020. Ou si on souhaite le dire autrement, celui d’un professeur de physique chimie, au Lycée Louis le Grand à Paris, qui tente de battre le record de la course d’ultra-cyclisme la plus difficile de France. 

 

Le parcours de la Race Across France est réputé pour sa difficulté : long de 2600km et identique chaque année, il s’élance de Mandelieu-la-Napoule en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour arriver au Touquet-Paris-Plage dans les Hauts-de-France, tout en passant aussi bien par les cols mythiques et légendaires du Tour de France (Mont Ventoux, Alpe d’Huez, Col du Lautaret, Col du Galibier, la Colombière et le sommet cycliste le plus haut d’Europe à 2764m d’altitude, le col de l’Iseran à Val d’Isère) que par les célèbres plages du débarquement en Normandie...

 

L’effort fourni lors des épreuves d’ultra endurance, place la résistance à la souffrance du corps au cœur des défis de l’athlète. Il ne s’agit pas seulement de grimper des cols, de battre des records de vitesse, d’affronter pluie et vent, mais il s’agit aussi d’endurer une douleur permanente et démesurée pendant plusieurs jours. À cause de la répétition prolongée d’une posture anormale, la douleur corporelle est si intense qu’elle provoque bien souvent des pertes de sensibilité. Le corps de Jean-Luc se métamorphose au cours des courses : visage boursouflé, mains ridées, ventre difforme, et jambes sveltes... Cette métamorphose, couplée à l’absence de sommeil, dénude le cycliste et attaque son mental. Au bout de quelques heures de course, une fois le corps harassé, c’est au tour de l’esprit du sportif d’être consumé. Une force spirituelle explosive, voire maladive, lui est nécessaire pour résister. Mais lorsque l’esprit implose à son tour après plusieurs jours de course, l’ultra cycliste arrive enfin dans cet état d’hypnose, cataleptique et léthargique, si grisant et léger, au sein duquel la condition humaine s’efface et où ni le corps ni l’esprit ne trouvent leur place. Pourtant, c’est seulement en atteignant cet état, que Jean-Luc Perez, alors exempt de barrières physiques et mentales, assouvit son besoin intrinsèque de vitalité tandis que sa silhouette sur le vélo, imperturbable, continue d’avancer vers de nouveaux records, telle une marionnette qui se délie des mains de son maître.

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